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Libre Circulation dans la zone CEMAC : mythe ou réalité ? Mon expérience de globetrotteur

Passionné des roadtrips, il y a six mois, j’entreprenais un voyage de limbe au Cameroun à Ndjamena au Tchad. Après trois jours de voyage sur le sol camerounais, j’avais franchi sans aucune difficulté la frontière terrestre entre le Tchad et le Cameroun situé à Kousseri, à l’extrême nord du pays. Mon séjour et mes déplacements au Tchad s’étaient déroulés sans aucune entrave liée à ma nationalité de camerounais. (cliquez sur le lien suivant pour lire l’article sur ce road trip: http://www.visiterlafrique.com/destinations/afrique-centrale/cameroun/de-limbe-au-cameroun-a-ndjamena-au-tchad-par-la-route/

 Encouragé par cette belle expérience de la libre circulation, j’entrepris cette fois ci de visiter le Gabon et la Guinée Equatoriale par la route, notamment les villes de Libreville et Port Gentil au Gabon et Bata et Malabo en Guinée Equatoriale en partant de Yaoundé la capitale du Cameroun. Les deux pays ayant une frontière terrestre avec le Cameroun dans la ville de Kye ossi, au sud du pays.

Je pouvais ainsi faire d’une pierre deux coups. Pour rendre l’aventure encore plus enrichissante, j’ai choisi comme moyen de déplacement le vélo. Eh oui !!! Le vélo vous donne l’occasion de faire un roadtrip hors du commun.

La ville de Kye ossi est située à environ 300 kilomètres de Yaoundé et vous prendra en moyenne 5 à 6 heures de voyage avec les escales si vous partez avec une agence de voyage. Vous ferez ainsi des escales de 5 à 30 minutes dans les agences des villes de Mbalmayo, Ebolowa, Ambam avant d’atteindre finalement Kye ossi. Sinon 3 à 4 heures vous suffissent pour arriver à destination si vous roulez avec un véhicule personnel. Le transport s’élève en moyenne à 5000 FCFA en partant de Yaoundé pour Kye ossi. Et de là, vous pouvez traverser la frontière terrestre entre les trois pays.

Comme j’étais à vélo, et n’étant pas un cycliste professionnel, il m’a fallu quatre jours pour atteindre Kye ossi. Ma première étape prévoyait Yaoundé-Sangmelima, 168 kilomètres. Je suis parti de Yaoundé un dimanche matin dès 6 heures. J’ai fait une pause de 30 minutes pour prendre un petit déjeuné dans la ville de Mbalmayo après près de 3 heures de route ponctuées par de mini pause d’une à deux minutes pour m’hydrater et souffler un peu. Ensuite destination Sangmelima, bien que l’itinéraire normale m’indiquait de partir de Mbalmayo pour Ebolowa.

L’un des avantages de faire un roadtrip à vélo, c’est que vous choisissez librement les itinéraires que vous souhaitez emprunter. Parti de la ville de Mbalmayo vers 10h30, je suis arrivé à Sangmelima vers 18h50.

Certes, la route était assez longue, mais j’ai mis un peu plus de temps parce que la fatigue me forçait à prendre plusieurs pauses, mais aussi parce que je profitais de mes pauses pour échanger avec les personnes que je rencontrais sur l’itinéraire. Et les conversations s’éternisaient très souvent. Se terminant parfois au tour d’un verre de matango, un plat de viande de brousse ou de vipère au passage. Ma première nuit fut donc dans la ville de Sangmelima. Prévoyez entre 10 000 et 15 000 FCFA pour une chambre d’hôtel au standing moyen et à partir de 20 000 pour une chambre haut standing.

Le deuxième jour au lever du soleil, après une visite éclair des principales artères de la ville, je quittais Sangmelima pour regagner Ebolowa. Je ne vous conseille pas cet itinéraire si vous êtes véhiculé et que vous tenez à votre voiture.

Pour cause, la ville de Sangmelima n’est pas directement reliée à la ville d’Ebolowa par une route bitumée. Soit vous emprunté une piste mal entretenu et en chantier qui sert de route, soit vous rebroussez chemin jusqu’à la ville de Mbalmayo avant de prendre l’embranchement qui vous conduira vers Ebolowa sur l’asphalte. Mon vélo tout terrain m’autorisait le risque de rouler sur cette piste.

Dix heures plus tard, j’atteignais la ville d’Ebolowa, la capitale de la région du sud. J’y passais ma deuxième nuit. Le lendemain dès l’aube, j’embarquais sur mon vélo destination Ambam. Situé à 88 kilomètres de la ville d’Ebolowa. Je profitais de mon séjour à Ambam pour aller visite la ville d’Abang Minko’o situé à 30 kilomètres et où se trouve Le « Marché Mondial », une place commerciale très réputée de la zone des trois frontières.

Une nuit de plus à Ambam et le jour suivant j’arrivais enfin à Kye ossi la ville aux trois frontières. Une heure et demie avait été nécessaire pour avaler les 30 kilomètres qui relient Ambam à Kye Ossi. Le tour de la ville effectué, je me suis directement rendu au poste-frontière en vue de traverser pour continuer mon chemin vers Bata ou je comptais dormir et le lendemain prendre un bateau pour Malabo la capitale.

Malabo est une île, donc le seul moyen d’y accéder c’est par avion ou par bateau — prévoir 35 000 pour la traversée. Pour franchir le poste de frontière il faut impérativement débourser une somme de 2000 FCFA. Le double si comme moi vous avez un vélo à faire traverser. Cette étape franchie, vous devez laisser votre pièce d’identité au poste de frontière. Si vous n’avez pas de visa, vous ne pourrez aller plus loin que la ville d’Ebebiyin, la première ville de Guinée Équatoriale situé après le poste de frontière.

C’est au poste de police de cette ville qu’il m’a été notifié que je ne pourrai pas poursuivre mon voyage jusqu’à Malabo parce que le passeport CEMAC ne suffit pas pour circuler dans le pays. Il me faut en plus de ce passeport, le Visa et toutes les autorisations à l’instar d’une autorisation pour circuler avec un appareil photo. Mon aventure en Guinée Équatoriale prenait ainsi fin. Je passais toutefois la nuit dans un hôtel de la ville d’Ebebiyin et le lendemain matin je reprenais la route emprunté la veille et une fois le poste de frontière franchi à nouveau, j’ai pris la direction de la frontière entre le Cameroun et le Gabon situé à près de deux kilomètres de la frontière entre le Cameroun et la Guinée Equatoriale.

La bonne fortune ne me sourira non plus de ce côté-là. Pour circuler au Gabon, il faut aussi un visa d’entrée même si vous possédez le passeport CEMAC. Pour obtenir votre visa d’entrée, vous devez recevoir une invitation d’un Gabonais (certificat d’hébergement) ou d’un Camerounais résident dans le pays et disposant naturellement d’un titre de séjour valide.

Une fois que vous avez ce document, vous vous rendez dans un poste d’immigration ou un commissariat de la ville de Kye ossi pour recevoir un visa de sortie du territoire camerounais et lorsque c’est fait, vous vous rendez au poste-frontière avec le Gabon pour recevoir un Visa d’entrée après avoir rempli quelques formalités administratives et déboursé une somme de 10 000 FCFA. Si vous souhaitez continuer par la route, de la frontière à Libreville, prévoir environ 20 000 FCFA pour le transport.

Des indiscrétions laissent entendre que même si vous êtes en règle, il vous faut tout de même prévoir de quoi « motiver » certains agents des forces de l’ordre dans les postes de contrôles tout le long du parcours. En moyenne deux à cinq mille franc CFA par contrôle.

Mon aventure a donc pris fin au Gabon dans la ville de Bitam. La première grande ville du Gabon après la frontière avec le Cameroun. J’ai pu visiter la ville située à 30 kilomètre du poste de frontière après avoir laissé mon passeport et mon sac à dos au poste de frontière comme un gage de ce que je reviendrai une fois la visite terminée. J’avais pu obtenir cette faveur des policiers au poste de contrôle du seul fait qu’ils n’en revenaient pas que je sois parti de Yaoundé pour le Gabon à vélo.

En conclusion, bien que je n’aie pas pu atteindre Bata, Malabo, Libreville et Port Gentil comme je l’espérai, ce road trip à vélo fut tout de même une aventure extraordinaire. Faite de plusieurs rencontres et d’échanges enrichissants. Le Sud profond vous offre l’occasion de respirer l’air pur des forets majestueuses, de comprendre mieux ce que les camerounais appellent « les paradoxes du pays organisateur » et de mieux comprendre pourquoi l’on dit que « voyager c’est la meilleure façon d’apprendre ».

Mes prochaines aventures à vélo me conduiront au Congo Brazzaville ensuite en République Centrafricaine. Je compte aussi aller m’enquérir de ce qu’il en est de la libre circulation dans ces pays de la CEMAC.

PS : En Guinée Équatoriale évitez au maximum de vous exprimer en Français. La langue de Molière semble irriter les populations de ce côté-là. L’espagnol ou le Fang sont les bienvenues.

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Auteur·e

citoyendumonde

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