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Mon crime c’est d’avoir opté pour le vélo comme mode de transport

Laisse-nous avec les choses des blancs là ! On a des problèmes plus urgents ici en Afrique ! Voilà ce que j’entends chaque jour quand je réponds à la question de savoir pourquoi tu prends le risque d’aller au travail à vélo ?

Je vis à Yaoundé, au Cameroun, et depuis deux ans j’ai pris la résolution de me déplacer principalement à vélo. Chaque matin, du lundi au vendredi, à l’exception des jours où je suis dans l’incapacité physique de pédaler, j’enfourche mon vélo et je parcours la vingtaine de kilomètre qui sépare mon domicile de mon lieu de travail. Le soir, je fais le chemin inverse avec le même plaisir. En moyenne une heure et demie pour couvrir la distance.

 J’ai plus de dix-huit ans et moins de trente-cinq ans. Si je m’en tiens aux conventions, je suis dans la catégorie des jeunes. Mais un jeune visiblement pas comme les autres. Un jeune qui n’aime pas sa vie selon ce que mes proches me disent ! La preuve par quatre : je n’ai rien trouvé de mieux que le vélo pour anticiper ma mort.

En réalité, ce qui m’a conduit à adopter ce mode de transport, c’est la mort imminente de notre planète. Notre planète commune. Pas seulement la planète des « blancs ». Car dire que la thématique de la protection de l’environnement c’est « la chose des blancs », c’est soit de la mauvaise foi soit le fruit de l’ignorance.

Notre planète est en train de mourir. Et cette mort programmée devrait nous interpeler tous, tout autant que notre propre mort !  Car, après tout, à quoi bon vivre si notre planète se meurt ? La planète Mars nous accueillera peut être, mais nous sommes encore loin de ce scénario… Alors occupons-nous déjà de notre planète Terre, qui nous offre l’hospitalité sans demander grand-chose en retour.

Le choix de rouler à vélo n’est pas la panacée qui viendra mettre un terme au problème du réchauffement climatique, j’en ai bien conscience. L’objectif de mon choix -rouler désormais à vélo- c’est simplement d’attirer l’attention de mon entourage. J’aimerais que chacun prenne conscience du problème qui menace notre planète et que chacun s’engage à son niveau. Car nous pouvons tous adopter progressivement les bons gestes, nous pouvons tous contribuer à réduire l’impact qui est le nôtre dans le processus de réchauffement de la planète. Et nous devons tous en avoir conscience !

Depuis deux ans que je me déplace à vélo, mon choix suscite beaucoup de curiosité partout où je passe. Chaque jour des discussions naissent autour de mon vélo et j’arrive à sensibiliser ceux qui m’interpellent sur le sujet de l’environnement. En fait mon vélo me sert d’appât ! Je peux capter l’attention des gens et échanger avec eux sur les questions environnementales. J’insiste sur la contribution que chacun peut avoir pour contribuer à la protection de notre planète et faire évoluer positivement la cause environnementale. Mes amis, ma famille, mes collègues et les inconnus que je croise lors de mes pérégrinations sont pour moi autant de cibles avec qui je partage ma passion pour la préservation de l’environnement. L’objectif n’est pas de convertir tout le monde au cyclisme, ce serait génial, mais bon ne rêvons pas trop !  L’objectif c’est de sensibiliser. Et si en plus certains se mettent au vélo, tant mieux !

Le but ultime est de susciter le débat et d’attirer l’attention sur les gestes simples et pratiques qui comptent. Il faut mobiliser les communautés car, aussi simple qu’ils soient, les petits gestes au quotidien peuvent avoir un grand impact lorsque nous sommes huit milliards à les appliquer ! Penser à éteindre les lumières quand on sort d’une pièce, utiliser des ampoules économiques, débrancher son laptot lorsque la batterie est pleine… sont autant de petit gestes qui, répétés à l’échelle de la planète, auront un impact non négligeable.

Mon choix de privilégier le vélo comme mode de transport quotidien n’est pas toujours une partie de plaisir. Pour ceux qui connaissent un peu la ville de Yaoundé, ils savent sans doute qu’elle est parsemée de collines. D’où son surnom : « La ville aux sept collines ». Rouler à vélo dans ce cadre n’est de ce fait pas très évident. Il faut affronter des pentes à chaque kilomètre. Un vrai parcours du combattant. De surcroît, vous devez faire attention aux patrons de la route : les chauffeurs de véhicule à moteur. Il faut toujours se rappeler que la route leur appartient. Quand cette évidence vous a échappé, ils n’hésitent pas à vous le rappeler très vite… Il faut donc être attentif à leurs humeurs tout en faisant attention aux piétons qui ne sont jamais loin de vous mettre dans des situations délicates. Circuler dans nos villes africaines est un vrai chemin de croix ! A plus forte raison à vélo. Et pour cause, les pistes cyclables ne sont pas encore à l’ordre du jour dans nos plans d’urbanisation.

Toutefois, malgré ces obstacles, et en attendant d’avoir les moyens de m’offrir une voiture électrique, je tiens la route depuis deux ans. Voilà comment je contribue au quotidien à la sensibilisation sur le climat et ses enjeux. Et vous ? Comment que faites-vous pour protéger notre planète ?

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Auteur·e

citoyendumonde

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